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lauredeficquelmont

Anxiété sociale, timidité, trac



Qu’est ce que le trouble anxiété sociale (TAS) ?


Une pathologie anxieuse


Le trouble anxiété sociale (TAS )est une phobie, une maladie qui se caractérise par une peur excessive d’une ou de plusieurs situations sociales.

Les situations qui sont angoissantes peuvent être :

• Des situations de performance : passer un examen/entretien d’embauche, faire un discours/exposé, lire/jouer en public, compétition, donner son avis … => peur de ne pas être à la hauteur, de faire une erreur et d’être rejeté.

• Des situations d'interaction sociale : Etre regardé par quelqu’un pendant que vous marchez, mangez, buvez, écrivez, conduisez...) ,=> peur de paraître bizarre de se faire remarquer…

• Des situations d’affirmation de soi : dire non/ oui/ faire une demande/ exprimer son désaccord/ faire un compliment/ faire une critique=> peur de faire de la peine peur du conflit

• Des situations de révélation de soi : parler de soi de manière plus intime, draguer => peur d’être inintéressant/ du rejet

• Des situations d’anxiété: rougir trembler suer => peur du jugement sur les symptômes corporels


Certaines personnes ne sont gênées que dans une ou deux situations sociales. D’autres dans dans la plupart des situations sociales


Une anxiété importante


Ces situations sont vécues comme des dangers car vous vous sentez jugés, évalués, observés. Vous avez peur qu’on se moque de vous ou qu’on vous rejette et que votre anxiété soit visible par autrui (rougir, hésitation, bégaiement, sueurs, trembler, faire des bruits de ventre…). Vous avez peur de perdre vos moyens, de dire des bêtises ou des choses inintéressantes et que cela sera retenu contre vous par les autres (rejets moqueries, abandon) Parfois même n’importe quelle situations impliquant un contact avec une personne connue génère de la peur. Ce qui est donc très handicapant.

Si vous y êtes confrontés votre anxiété peut se manifester par différents symptômes tels que : gorge sèche, transpiration, palpitations, sensation d’étouffement, bégaiement, tremblement rougissement, tensions musculaires, maux de tête...

L’anxiété à son paroxysme peut générer des attaques de paniques.

L’anxiété peut se produire par anticipation c’est à dire hors de la confrontation avec la situation : la peur se porte sur l’idée de ne pas pourvoir gérer une interaction future et d’être éventuellement l’objet de rejet ou d’humiliation. Cette anxiété peut survenir alors plusieurs jours à l’avance et conduire à un évitement partiel ou total de la situation redoutée.


Un noyau central : La peur de la honte


Ce qui vous effraie le plus c’est la Honte. La peur de ressentir de la honte et que les autres perçoivent votre honte. C’est l’éventualité de ressentir cette émotion et de ces conséquences imaginées qui vous empêche d’agir, de vous confronter, de guérir.

La honte étant évitée u maximum vous ne pouvez pas faire l’apprentissage de son côté éphémère.



Perfectionnisme et contrôle

Dans une interaction, lorsque vous souffrez d’anxiété sociale vous déplacez votre attention vers vous-même. Au lieu de regardez votre interlocuteur et son discours vous êtes centrés sur ce qui se passe en vous afin de contrôler la situation pour prévenir un danger (situation que vous avez assimilé à un danger).


La peur de ressentir de la honte vous pousse à chercher à contrôler tout ce que vous pouvez contrôler : vos mots, vos paroles, vos faites et gestes, les blancs dans la conversation, vos émotions… une simple conversation sans performance ni objectifs particuliers devient pour la personne anxieuse sociale un véritable sac de nœuds.

Il est irréaliste d’arriver à tout contrôler et face à des personnes perçues comme plus belles, cultivées, riches, intéressantes… vous vous enfermez et vous restez coincés.

Planification et ruminations contribuent à majorer l’anxiété et à donner une apparence étrange rigide ou artificielle lors de la situation ce qui contribue à renforcer le sentiment négatif de soi. En effet l’hypervigilance lors des échanges et des interactions sociales (observation de ses faits et gestes de ses sensations, analyse, jugement négatifs, focalisation sur soi …) entrainent un manque de concentration , une difficultés effective a suivre la conversation et une déception à la suite de l’échange engendrant des ruminations.


Des évitements


Comme ces situations vous effrayent vous évitez au maximum d'y être confrontés.

Ces situations étant donc vécues comme très inquiétantes elles sont donc évitées ou échappées (vous aller dans la situation mais vous faites tout pour ne pas vous confronter à votre angoisse – vous trouvez des stratégies ou des parades)

Ces évitements peuvent êtres francs (vous évitez les situations sociales) ou subtils (masquer les rougeurs, lire un livre, prendre un médicament éviter de se nourrir, regarder ailleurs, rester silencieux …

Les situations sont évitées pas car elles sont dangereuses en tant que telles mais parce que ressentir de la honte vous semble dangereux.

C’est votre intolérance aux émotions de honte qui vous fait croire que les situations sont dangereuses. Le problème est que plus vous évitez plus vous donnez raison à votre peur et plus votre estime de soi diminue. Vos évitements valident votre scénario hypothétique. Il s’agit d’un véritable cercle vicieux. Ces évitements et échappements sont donc des facteurs de maintien du problème.


Des comportements sécurisants

Lorsque la situation est inévitable un certain nombre de comportements sécurisants sont mis en place : ce sont toutes les stratégies (actions ou pensées) mises en place pour empêcher la survenue des conséquences redoutées de l’anxiété. Ils peuvent avoir lieu avant ou durant les interactions


Anticipation et rumination


Les anticipations d’une rencontre sociale peuvent survenir des jours à l’avance. La personne peut éviter de penser à l’interaction en question, se préparer au maximum , imaginer tout ce qui pourrais mal se passer … l’anxiété est souvent importante avec beaucoup d’images négatives de soi

Ceci déclenche l’anxiété sociale et peut inciter la personne à éviter complètement l’événement.


Les ruminations qui font suite aux rencontres sociales durent souvent longtemps prolongeant l’inconfort et l’insatisfaction. La personne anxieuse sociale ayant eu une vision partielle de la situation comme elle était centrée sur ses comportements et ses pensées ne sait pas ce qui s'est réellement passé. Parfois ces ruminations durent des jours en cherchant les détails de l’évènement qui a eu lieu dans le passé.


Illustration de l’anxiété sociale au niveau cognitif (pensées)


des anticipations

Qu’est ce qu’il vas se passer ? et si ca se passe mal ?


Hypervigilence en situation

• Je pense à ce qu'on pense de moi : Qu’est ce qu’iel pense de moi ?

• Qu’est ce que je suis en train de faire ? Est ce que ce que je dis est bien ? que vas t’iel en penser ? de quoi j’ai l’air ? si je dit ca c’est trop nul mieux vaut que je me taise mais si je me tait il va me regarder bizarrement ….

• J’arrive plus me concentrer zut je sais plus ce qu’iel m’a dit ?

• Est ce que je rougis ?

• On doit me trouver bizarre, je suis inintéressant(e)/ null(e)

• Il a un drôle d’air …peut être que ca veux dire que je dit pas quelque chose de bien ou qu’il s’ennuie…


Des ruminations :

J’aurais du dire ca j’aurais pas du dire ca, j’aurais du faire ce geste, j’aurais pas du parler, si seulement j’avais fait ca … que vont iel penser de moi après ca ?


Illustration de l’anxiété sociale au niveau physique

• Tension mâchoire épaules nuque muscles, difficultés a se relaxer

• Sentiments de panique : battements de coeur, vertiges, sueur (chaud/ froid), souffle coupé nausées vertiges, tremblements, sècheresse de la bouche, rougissement

• bégaiement, triturer les cheveux, le visage, les mains ….


Illustration de l’anxiété sociale au niveau comportemental

• Je parle vite ou très doucement, je ne regarde pas les autres dans les yeux , je regarde mes pieds ou devant moi j’attend l’arrivée de quelqu’un avant d’entrer dans une pièce pleine de monde,

• Je m’habille discrètement, je porte des vêtements amples, je me déplace sans bruits je n’ose déranger personne, ni attirer l’attention sur moi

• Je regarde un objet, mon téléphone, je m’occupe les mains et les yeux, la bouche pour éviter de croiser les regards ou d’avoir à parler

• J’évite ou je m’échappe des lieux des gens des situations : changer de parcours

• Je ne parle jamais de moi, ni des choses personnelles ni rien dire qui puisse être critiqué, je suis toujours d’accord

• Je reste avec quelqu'un que je connais et qui me sécurise


Illustration de l’anxiété sociale au niveau émotionnel

Les émotions ressenties :

Peur, angoisse, inquiétudes, anxiété, terreur, panique, appréhension…

Frustration et colère, envers soi-même et/ou envers les autres

Dévalorisation, manque de confiance en soi, sentiment d’infériorité, baisse d’estime de soi

Sentiment de tristesse, de déprime

Les émotions redoutées : La famille de la honte : gène embarras honte, humiliation, culpabilité



Qu’en est il du trac et de la timidité ?


Rares sont ceux qui connaissent le TAS. On appelle souvent timide celui qui en souffre, on considère souvent son problème comme banal et on le voit parfois comme une personne non volontaire

Les mécanismes du trac et de la timidité sont similaires mais ont une intensité bien moindre comparée à la phobie sociale. La timidité n’est pas n’est pas considérée comme un trouble psychiatrique cependant elle peut être handicapante dans la vie de tous les jours

Ces différentes problématiques se situeraient sur un même continnuum selon l’intensité de l’anxiété ressentie et le handicap généré par celle ci.

=> Le Trouble anxiété sociale est une maladie qui cause beaucoup de souffrance



Est ce que c’est fréquent ?


Oui ! Les phobies sociales sont les phobies les plus répandues.

D'après le DSM-5 la prévalence au cours de la vie pour la population générale serait de 3 % à 13 %. Si on y inclut également les personnes souffrant de timidité, environ 20 % de la population générale serait concernée. Ce qui est donc très fréquent !

L’anxiété sociale touche plus de femme que d’hommes (environ 2 femmes pour 1 homme)


La définition du DSM5 est la suivante


A. Peur ou anxiété intense d’une ou plusieurs situations sociales durant lesquelles le sujet est exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui.

B. La personne craint d’agir ou de montrer des symptômes d’anxiété d’une façon qui sera jugée négativement

C. Les situations sociales provoquent presque toujours une peur ou une anxiété.

D. Les situations sociales sont évitées ou subies avec une peur ou une anxiété intense.

E. La peur ou l’anxiété sont disproportionnées par rapport à la menace réelle posée par la situation sociale et compte tenu du contexte socioculturel

F. La peur, l’anxiété ou l’évitement sont persistants durant habituellement six mois ou plus

G. La peur, l’anxiété ou l’évitement entraînent une détresse ou une altération cliniquement significative du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

H. La peur, l’anxiété ou l’évitement ne sont pas imputables aux effets physiologiques d’une (p. ex. substance donnant lieu à abus, médicament) ni à une autre infection médicale.

I. La peur, l’anxiété ou l’évitement ne sont pas mieux expliqués par les symptômes d’un autre trouble mental tel qu’un trouble panique, une obsession d’une dysmorphie corporelle, un trouble du spectre de l’autisme.

J. Si une autre affection médicale (p. ex. maladie de Parkinson, obésité, défigurement secondaire à une brûlure ou une blessure) est présente, la peur, l’anxiété ou l’évitement sont clairement non liés à cette affection ou excessifs.


Commorbidité et pathologies associées


Entre 50% et 80% de ceux qui souffrent d’un TAS présentent simultanément au moins une autre pathologie psychiatrique (Leahy, Holland, McGinn, 2012)


  • 41% à 56% un trouble de l’humeur (forte corrélation avec cyclothymie et bipolarité)

  • 50% un autre trouble anxieux

  • 39% à un abus de substances psychoactives : consommation d’alcool / cannabis : auto thérapie avant pour diminuer la peur/ après pour noyer la honte


La TCC dans l’anxiété sociale

Les TCC sont à l’heure actuelle les thérapies les plus efficaces dans l’anxiété sociale.


➢ Stopper les comportements d’évitement et d’échappement

➢ Remettre la honte à sa juste place : celle d’une émotion gérable et fugace.


Exposition in vivo


L’exposition est la technique la plus importante dans l’anxiété sociale : s’exposer au regard, aux interactions sociales et à l’émotion de honte. Le but est vous sortir de vos évitements et que vous affrontiez les situations qui sont sources d’angoisse.

Pour cela : l’exposition in vivo est la technique phare afin de permettre une habituation. Elle doit être suffisamment longue et répétitive complète (sans évitement) pour permettre une habituation. Elle doit pouvoir déclencher un vécu émotionnel (honte) suffisant pour permettre un apprentissage cérébral. A force de répétition l’émotion diminue.C’est la confrontation avec la situation qui permettra cet apprentissage. Tant qu’il y a évitement la croyance subsiste. L’évitement prolonge et génère votre anxiété même en l’absence de la situation (anticipation). L’exposition va permettre in fine de la faire baisser.



Affirmation de soi

Un déficit au niveau de l’affirmation de soi ou des habiletés sociales est fréquent chez les personnes souffrant d’un TAS surtout si la maladie dure depuis longtemps

Pour certaines personnes un travail sera fait au niveau de l’affirmation de soi : technique de conversation, demander, refuser, réclamer, donner son avis, révéler ses limites, recevoir ou faire des compliments

Des jeux de rôles sont souvent effectués dans ce cadre.


Quels médicaments dans cette maladie ?


Selon la Haute Autorité de Santé HAS, la Thérapie cognitivo comportementale doit être entreprise en première intention.

L’association traitement médicamenteux et thérapie cognitivo-comportementale n’est pas recommandée à la phase initiale, sauf dans les formes sévères ou résistantes.

Si un traitement doit être prescris votre médecin vous proposera peut-être un antidépresseur inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA)

Les bêtabloquants sont parfois prescrit contre les tremblements.

Attention aux benzodiazépines : Leur prescription est limitée du fait des risques d’abus et de dépendances élevées lors d’un traitement au long cours. Ils peuvent cependant être utilisés en association au traitement de fond sur de courtes durées en cas d’anxiété aiguë invalidante.



Ressources :


• Pellissolo A., Roy Stéphane : ne plus rougir et accepter le regard des autres. Odile Jacob

• Trybou V., Dr Hantouche E. : méthode anti phobies sociales. J.Lyon Editions

• André C., Legéron P. : La peur des autres. Odile Jacob

• Fanget F. Oser. Odile Jacob

• Macqueron, G., Roy, S. La timidité, Comment la surmonter Odile Jacob.


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