Nos émotions, on peut les accueillir sans avoir peur !
Les émotions, même pénibles, ne sont pas à craindre, mais à accueillir et à traverser. Si on ne craint pas de ressentir une émotion, alors on peut oser avancer dans sa vie, car le pire qu’on aura à vivre, c’est une émotion !
1. Apprendre à les identifier
En premier lieu, il convient d’identifier et de nommer la ou les émotions ressenties « je ressens… » et de définir son/leurs intensité respectives.
Pour cela, on peut utiliser plusieurs outils :
· Le vocabulaire des émotions : pour avoir un mot juste pour chaque émotion
· Dessiner les émotions, les mimer, imaginer un symbole ou un animal
· Le thermomètre émotionnel : intensité des émotions
· La recherche de besoins
Les émotions sont toujours en lien avec des besoins. Derrière une émotion se trouve un besoin. Quel seraient le besoin à l’origine de vos émotions ? Ce besoin est il satisfait en règle générale dans les différentes sphères de votre vie ? Pourquoi est il important pour vous ?
2. Apprendre à les ressentir
L’ensemble des sensations que nous ressentons est normal, cela fait partie d’un mécanisme de défense de notre organisme, qui cherche à nous permettre de nous adapter au mieux à ce que nous rencontrons. Toutes les émotions ont leur place dans notre expérience, toutes ont un rôle à jouer, un message à nous apporter.
Nous sommes parfaitement équipés pour ressentir nos émotions.
Revenir à son corps.
- Comment cette émotion se manifeste dans votre corps ?
- Où se situent les sensations en lien avec l’émotion ?
- Sont elles fortes ou légères ?
Les sensations du corps et les émotions sont liés. Cela signifie que vos sensations (gorge sèche, mains moites, noeud à l’estomac) vous donnent des informations sur vos émotions. A force d’observation, vous pourrez relier les sensations du corps à l'émotion qu'elles accompagnent.
Pour s’entraîner, il peut être utile d’activer un rappel (sur votre téléphone par exemple) à plusieurs moments de la journée, juste pour observer votre corps, remarquer si il y a des tensions, des contractures, des douleurs inhabituelles, observer le rythme et l’ampleur de votre respiration, voir si vos mâchoires sont serrées ou détendues, si votre front est lisse ou contracté.
Et d’observer Sans jugement, avec bienveillance, juste comme le ferait un observateur externe, sans forcément chercher à modifier.
Comment vous sentez vous ? Que remarquez vous ? Avez vous perçu des tensions ?
Agir sur le corps (respirer, boire un verre d’eau, bailler, marcher, s’étirer, soupirer, sourire), même lorsque l’émotion est floue, mais que votre corps est tendu, c’est agir sur l’émotion.
Apprendre aussi a ressentir ce mouvement de va-et-vient, de balancier, comme le roulis des vagues.
Au quotidien, nous sommes traversés successivement par différentes émotions, qui arrivent, augmentent en intensité et redescendent, à la manière d’une vague.
Parfois, la mer est plus agitée, parfois elle est plus calme, mais ce n’est qu’une succession de vagues qui viennent et redescendent sans s’attarder.
Apprendre à ressentir, c’est donc percevoir ces mouvements internes, intéroceptifs, ces sensations et ces émotions qui arrivent et nous traversent.
C’est observer comment elles évoluent, comment elles s’atténuent, c’est remarquer que pendant une même journée, plusieurs émotions, parfois très différentes, se présentent.
Laissez ces émotions vous traverser pendant 1 à 2 minutes…
Laissez la vague apparaître et diminuer.
Il est intéressant également d’observer la relation entre notre état physiologique (notre niveau de faim, d’hydratation, de fatigue, le moment de la journée, la période du cycle menstruel, le nombre de cafés bus, …) et la survenue d’émotions et leur intensité.
En effet, il existe une relation entre émotions, comportements, cognitions, action et organisme :
Les émotions dépendent des pensées et donc des situations et réciproquement, les pensées dépendent des émotions (la sélection de l’information et des interprétations dépend de l’état émotionnel)
Les émotions agissent sur l’organisme (sécrétion d’hormone) et l’état de l’organisme agit sur les émotions (si on est fatigué ou qu’on a pris une substance, nos émotions sont modifiées)
Les émotions influencent nos actions et nos actions influencent nos émotions
Nos émotions vont aussi dépendre des conséquences que nous anticipons.
Il est important de faire le lien entre notre organisme ( nos sensations corporelles, notre sommeil, notre santé , notre alimentation , notre niveau d'hydratation...) et notre état émotionnel. Faire le lien avec nos processus physiologiques, c’est tenir compte des facteurs internes, développer notre compréhension émotionnelle et aborder les situations avec une meilleure connaissance de soi et plus de bienveillance à notre égard.
Si nous savons comment nous y prendre dans une situation émotionnelle, nos émotions seront moindres que si nous ne savons pas comment agir.
3. Apprendre à les vivre
En règle générale, nous avons tendance à rechercher les émotions qui nous sont agréables et à éviter les émotions qui nous sont désagréables. Sans même en avoir conscience, cela dicte la manière dont on agit au quotidien. Apprendre à observer ses émotions c’est conduire sa vie, plutôt que se laisser conduire.
Apprendre à vivre ses émotions, c’est repérer comment elles nous guident dans nos actions.
Notre vie n’est pas qu’une succession d’émotions agréables.
Il est normal d’éprouver des émotions désagréables.
Si on cherche en permanence à ne ressentir que des émotions agréables, on résiste au reste.
Si on cherche à supprimer ou à éviter les ressentis désagréables, c’est une partie de notre existence qu'on cherche à éviter ou supprimer.
Les émotions, qu’elles soient agréables ou non, sont inoffensives : ce sont juste des émotions!
C’est parfois douloureux, inconfortable, gênant, mais ce n’est ni insurmontable, ni mortel.
Eviter nos émotions négatives quand elles se présentent, en les refoulant ou en nous coupant de nos sensations douloureuses, permet de ne pas s’y confronter sur le moment, mais ne les éteint pas et génère des complications. Les émotions refoulées s’empilent et deviennent plus intenses et durables.
Si on accepte l’émotion sans chercher à la supprimer, elle durera environ 90 secondes. Si, en revanche, on cherche à tout prix a l’éviter, elle s’installera confortablement ou disparaîtra un instant pour revenir de plus belle.
Si on n’accepte pas une émotion, on refuse au messager de délivrer son message. Mais le message et le messager sont toujours là et ils ont besoin de délivrer ce message.
Alors, ils le feront à un autre moment et avec plus de vivacité ou de force, car il est nécessaire de délivrer cette information.
Comme la fameuse lettre de Poudlard pour Harry Potter…
Les lettres de Nulle part chapitre 3 Tome 1
« Harry évita la canne et alla chercher le courrier. Il y avait trois lettres : une carte postale de Marge, la soeur de l'oncle Vernon, qui était en vacances à l'île de Wight, une enveloppe de papier kraft qui devait être une facture et... une lettre pour Harry !
Harry la contempla bouche bée. Son coeur faisait de grands bonds dans sa poitrine, comme une balle en caoutchouc. De toute sa vie, personne, jamais, ne lui avait écrit. D'ailleurs, qui aurait pu le faire ? Il n'avait pas d'amis, pas de parents autres que son oncle et sa tante, il n'était même pas inscrit à la bibliothèque, ce qui lui évitait de recevoir des mots désagréables exigeant le retour de livres empruntés.
Et pourtant, il avait entre les mains une lettre dont l'adresse ne pouvait prêter à confusion:
Mr H. Potter
Dans le placard sous l'escalier
4, Privet Drive
Little Whinging Surrey
L'enveloppe, lourde et épaisse, était faite d'un parchemin jauni et l'adresse était écrite à l'encre vert émeraude. Il n'y avait pas de timbre.
En retournant l'enveloppe, les mains tremblantes, Harry vit un sceau de cire frappé d'un écusson qui représentait un aigle, un lion, un blaireau et un serpent entourant la lettre « P ».
Harry reprit le chemin de la cuisine sans quitter l'enveloppe des yeux.
(…)
Mais l'oncle Vernon était déjà en train de déchirer les lettres sous ses yeux.
Ce jour-là, l'oncle Vernon n'alla pas travailler. Il resta à la maison et cloua une planche devant la boîte aux lettres.
—S'ils n'arrivent pas à nous les faire parvenir, ils finiront par laisser tomber, dit-il à la tante Pétunia, la bouche pleine de clous.
—Je ne sais pas si ça servira à grand-chose, Vernon.
(…)
Le vendredi, douze lettres pour Harry arrivèrent. Comme la boite aux lettres était inutilisable, elles avaient été glissées tout autour de la porte et l'une d'elles avait même été introduite à travers un vasistas dans les toilettes du rez-de-chaussée.
Ce jour-là également, l'oncle Vernon resta à la maison. Après avoir brûlé toutes les lettres, il reprit son marteau et ses clous et boucha à l'aide de planches tous les interstices autour des portes de devant et de derrière, si bien que personne ne pouvait plus entrer ni sortir.
Le samedi, la situation devint incontrôlable.
Vingt-quatre lettres destinées à Harry furent introduites à l'intérieur de la maison: elles avaient été roulées et dissimulées à l'intérieur des deux douzaines d'oeufs que le livreur, passablement déconcerté, leur avait passées par la fenêtre du salon.
Pendant que l'oncle Vernon donnait des coups de téléphone furieux au bureau de poste et au crémier pour essayer de trouver un responsable auprès de qui protester, la tante Pétunia réduisit les lettres en bouillie dans son mixer.
Mais qui peut bien avoir envie de t'écrire à ce point ? demanda Dudley abasourdi.
Le dimanche matin, l'oncle Vernon avait l'air fatigué et malade lorsqu'il s'assit à la table du petit déjeuner, mais il paraissait heureux malgré tout.
—La poste ne fonctionne pas le dimanche, dit-il d'un ton joyeux en étalant consciencieusement de la marmelade sur son journal. Aujourd'hui, pas de lettres.
Au même moment, quelque chose tomba dans le conduit de la cheminée avec un sifflement sonore et il sentit un coup derrière la tête. Un paquet venait d'exploser dans le foyer de la cheminée en projetant une quarantaine de lettres qui volaient dans la cuisine comme des boulets de canon. Les Dudlley se baissèrent pour éviter les projectiles tandis que Harry essayait d'en attraper un au vol. »
Accueillir nos émotions, c’est donc les laisser nous traverser et s’apercevoir que ce ne sont que des émotions. Ces émotions passent alors plus vite et sont moins pénibles.
En réalité, c’est la résistance et la peur qui sont les plus difficiles à éprouver.
L’expérience humaine est faite de contrastes. Nous allons rencontrer dans notre vie des situations douloureuses et graves.
L’idée est de s’entraîner sur les situations moins intenses au quotidien, pour pouvoir apprendre au mieux lorsqu’inévitablement nous ferons face à des évènements difficiles.
L’idée n’est pas de toujours positiver, c’est de devenir indépendant et de choisir les réactions qui nous paraissent les plus appropriées.
Il y a des évènements graves, parfois dramatiques. Notre liberté en tant qu’humain est d’ajuster ce qu'on va penser de la situation qu’on traverse. Ce qu’on va se dire à ce propos, les émotions qu’on va générer et la manière dont on va accueillir ces émotions (les accepter/les rejeter/les vivre/les fuir ?)
Lorsque vous traversez une période très dure, il vaut mieux avancer petit à petit pour ne pas vous sentir submergé. L’idée est de vous focaliser sur votre quotidien. Les solutions viendront se dessiner petit à petit. Et vous retrouverez une capacité d’agir et d’avancer plus aisée.
Prenez votre temps !
Nos émotions font partie de notre structure physiologique et psychologique.
Nous devons accepter que nos émotions existent, car elles sont vitales.
Certains évènements susciteront inévitablement des émotions.
Nos émotions sont essentielles à notre fonctionnement, elles jouent un rôle important et il est nécessaire de les écouter.
On entend beaucoup parler de gestion ou de contrôle émotionnel. Personnellement, je considère que les émotions ne sont pas des choses à gérer et que le but d’un accompagnement émotionnel n’est jamais de contrôler ses émotions
Selon moi, il est impossible de les gérer, de les contrôler, ou de les faire disparaître.
Ce qu’on peut, en revanche, c’est apprendre à trouver les ressources nécessaires pour les réguler, les apaiser et les accepter.
Comments