Dans un précédent article, j’avais évoqué la naissance des TCC et notamment certaines des expériences sur le conditionnement.
Dans l’expérience de Pavlov qui a mis en exergue les principes du conditionnement répondant on comprend bien que le chien a associé le son du métronome à l’apparition de la viande et que c’est ça qui le fait saliver même en l’absence de viande.
Il s’agit donc d’une association.
Une association est donc un lien que nous faisons entre différents évènements qui se présentent à nous.
Tout apprentissage résulte d’un lien que nous créons entre différentes choses, ils sont le résultats d’associations que nous faisons entre différents évènements.
Ce qui est passionnant est aussi plus complexe c’est que ces évènements (stimulis) peuvent être externes ou interne.
Les évènements externes sont des situations que tout le monde peut percevoir.
Les évènements internes, en revanche, sont spécifique à chacun d’entre nous: ce sont nos pensées, nos émotions ou nos sensations.
Aussi, en fonction de notre histoire, de ce que nous ressentons, ou de ce que nous nous racontons nous allons associer tout un tas de chose pour un évènement qui est neutre en soi. Et nos associations au sujet du même évènement seront différentes que celles de notre voisin.
La situation est la même.
Ce qui change, c’est ce que nous pensons de la situation. Nos pensées engendrent alors des émotions. Ce que nous ressentons physiquement et émotionnellement dans la situation et qui vont induire à leur tour des actions.
C’est ainsi qu’une même situation dans laquelle Madame A ressentira de la joie, pourra ,à contrario, engendrer de la colère à madame B, de la tristesse à Monsieur C ou encore de la colère à monsieur D.
Et c’est ainsi que le petit Marcel redécouvre des années après en goûtant une madeleine un flot de souvenirs heureux qu’il avait associé à ce petit gâteau.
Extrait du livre PROUST Marcel, Du côté de chez Swann, GF Flammarion, Paris, 1987, p. 140-145
« Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint- Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse: ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature.
D'où venait-elle? Que signifiait-elle? Où l'appréhender? (…)
Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul.
La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté (…)
Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau. Et comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé. »
Les associations peuvent donc être « positives » dans le sens génératrice d’un cercle vertueux, de bien-être ou « négatives » car elles entrainent des répercussions sur notre santé physique ou psychique.
Le problème vient donc lorsque les associations situations - pensées - émotions - actions que nous avons faites nous génèrent de la souffrance : c’est le cercle vicieux.
Or, ces associations qui incluent nos sensations nos pensées nos émotions sont difficiles à percevoir et à modifier.
L’idée, en thérapie, est de mettre à jour cette séquence d’association qui fait que nous continuons à perpétuer les mêmes choses qui nous font souffrir.
Appréhender ces associations c’est comprendre, ce qui la précède la séquence, ce qui la provoque, ce qui l’entretien et la maintien.
C’est une fois ce travail fait au préalable que vous pourrez, avec l’aide de votre thérapeute trouver les leviers qui vous permettrons d’avancer efficacement sur vos problématiques.
Comentários