Je vous ai déjà parlé dans un précédent article du processus de changement et du modèle référence en la matière celui de Prochaska et Di Clemente.
Ici je voudrais vous introduire le concept de motivation, ses différences avec la volonté ainsi que quelques outils pratiques pour travailler votre motivation.
Quand on veut et bien on ne peut pas toujours …
Qui n’a jamais entendu la célèbre phrase prononcée par Napoléon Bonaparte: « Quand on veut on peut, quand on peut on doit. »
Alors autant vous dire tout de suite que je m’inscris contre cette phrase.
En effet cette dernière sous-entend que nos actions et notre réussite seraient une simple question de volonté… et que lorsqu’on s’en donne les moyens la réussite est toujours à la clé.
Ceux qui réussissent seraient donc méritants car volontaires. En revanches, nos échecs seraient dûs au fait qu’on ne s’en est pas donné les moyens, qu’on n’a pas voulu réussir.
Il est possible que parfois ce soit le cas mais pas aussi souvent que ca.
Prenons l’exemple d’un examen que vous avez raté parce que vous n’avez pas travaillé. Mais sait on pourquoi vous n’aviez pas travaillé ? Peux être vouliez vous travailler mais vous n’en aviez pas le temps, la force, la capacité… il ne s’agirait donc pas d’un manque de volonté ? Ou alors peux être ne vouliez vous pas travailler mais dans ce cas là est ce réellement à proprement parler un échec si l’examen n’a pas été investi dés le départ comme quelque chose qu’il est souhaitable de réussir ?
Votre volonté n’est pas la seule à entrer en scène.
En effet, vos réussites dépendent de différents facteurs internes tels que vos compétences, vos besoins, vos capacités, votre motivation et externes tels que votre environnement social et conjoncturel.
Ainsi il apparaît donc qu’il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir
La Motivation
La motivation, c’est la probabilité qu’un individu adhère, s’engage et poursuive une démarche spécifique.
La motivation nécessite de désirer le changement, d’y être préparé et de se sentir confiant.
La motivation naît donc d'une combinaison de plusieurs éléments :
Disposition au changement = être prêt à changer, capacités de l’organisme, besoins actuels
Importance du changement = désir de changement et estimation de la récompense
Confiance pour y parvenir = capacité perçues de changement, estimation de nos efforts
La motivation est le résultat de notre cerveau qui sélectionne un comportement plutôt qu’un autre. Ce que nous faisons à chaque seconde est le résultat de notre motivation. Un fin calcul entre l’estimation de l’effort à réaliser par rapport à l’estimation de la récompense qui sera obtenue.
Différence entre motivation et volonté
En psychologie on considère que les concepts de volonté et de motivation sont distincts
Le terme de volonté est souvent exprimé autour de questions éthiques.
La volonté c’est ce qu’on aimerait faire. C’est un concept cognitif.
Elle oriente la motivation mais la motivation peut également influencer la volonté.
On a plus de chance de faire si on le veut mais si on a trop de difficulté à faire en retour cela va épuiser notre volonté a vouloir cette chose.
La volonté est un discours sur ce que l’on dit souhaiter.
La motivation à la différence de la volonté c’est un concept fondamentalement comportemental.
La motivation c’est ce que l’on fait, nos actions pas seulement ce que l’on veut veut.
La volonté nécessite la motivation pour fonctionner.
Et la motivation se base sur nos dispositions personnelles et environnementales. Par exemple nos émotions, nos pensées, nos besoins nos valeurs mais également du temps, des compétences, une formation, des moyens financiers ou matériels, une conjoncture socio économique favorable, une rencontre.
C’est la raison pour laquelle non, quand on veut, on ne peut pas toujours !
La motivation une composante fondamentale en thérapie
Pourquoi la motivation est elle si importante en thérapie?
Les troubles de la motivation sont au cœur de nombreuses pathologies.
Et sans motivation une thérapie aura peut de chance de porter ses fruits.
Il est donc primordial lorsqu’on engage une thérapie de travailler sur sa motivation. Cette motivation va être questionnée en thérapie comportementale et cognitive dans les premiers entretiens. Cette motivation sera nécessaire à l’établissement du contrat thérapeutiques et des objectifs qui en découlent.
L’évaluation initiale ainsi que l’analyse fonctionnelle en TCC auront aussi pour objectifs de mettre en évidence vos ressources, vos compétences, vos besoins éventuels en la matière.
Par exemple :
Dans les addictions la motivation d’une personne à la prise de drogues est plus importante que la motivation à d’autres comportements protecteurs (santé emploi ...)
Dans la dépression la motivation est réduite de par la pathologie.
Dans l’anorexie mentale le déni présent dans la maladie peut gêner la motivation au changement qu’il va donc falloir initier.
Il peut, en clinique y avoir différents cas de figure.
Parfois volonté et motivation seront au rendez vous quelques fois en revanche il y aura une volonté et néanmoins des troubles de la motivation. Ou encore absence de volonté et de motivation mais un état de danger vital nécessitant une prise en charge.
L’analyse de la motivation fait partie d’une analyse globale à prendre en compte dans toute situation clinique. L’analyse de la motivation, des émotions, des comportements et des cognitions est un préalable à la mise en œuvre de la thérapie.
Un manque de motivation ? Explication du modèle IBER
IBER : Intégration des besoins des efforts et récompenses.
Ce modèle postule que le comportement motivationnel résulte de 3 composantes :
1. Estimation des besoins et attentes (besoin de manger boire se reposer…°, besoins physiologiques)
2. Estimation de l’effort à atteindre pour réaliser ces besoins
3. Estimation du niveau de récompense obtenu si ces besoins sont satisfaits
Ces analyses sont réalisées par des circuits cérébraux qui peuvent se perturber à cause de soucis génétiques et/ou environnementaux.
Un défaut de motivation pourrais donc donc être lié à :
• Une estimation défaillante des besoins actuels ou encore une sous estimation ou une surestimation d’autres besoins. Cette estimation dépend du bon fonctionnement de nos capteurs internes des apprentissages antérieurs, de la manière dont on répond à nos besoins. Il peut être intéressant ici d’initier un travail sur les besoins et les valeurs.
Sans besoins pas de motivation !
De quoi avez vous besoin ? Pourquoi faites vous cela ? Pourquoi avez vous décidé ces objectifs ? Quels sont vos besoins derrières ? Quels besoins sont satisfaits à l’heure actuelle ? Est ce que ces besoins que vous honorez vont dans le sens de vos objectifs ?
• On peux aussi surestimer l’effort à fournir qui est considéré comme étant trop important ou encore trop difficile à cause par exemple de certains troubles psychiques ou physiques.
De quoi auriez vous besoin ? Sur qui ou sur quoi pouvez vous vous appuyer ? Est qu’il vous manque des compétences et si oui pouvez vous les acquérir ou vous entrainer ? S’agit il de problèmes à résoudre ? Ou encore d’un traitement à ajuster afin de vous permettre de mieux fonctionner ?
• Il peux aussi y avoir un défaut de motivation lié à un défaut d’estimation de l’effet de récompense : en effet si on estime que notre action ne nous rapportera rien ou sera déplaisante cela n’est clairement pas motivant ! Pour être motivé nous avons besoin de plaisir, de récompense et de libre arbitre !
En effet, la perception d’un choix est hautement récompensant. Toute décision qui aboutirait à un risque de ne plus avoir le choix est hautement répulsive.
Notre cerveau est câblé pour préférer les situations où il estime qu’il a le choix par rapport aux situations sans choix à gains plus élevés.
L’approche dynamique des TCC vise à instaurer des actions. La dynamique thérapeutique est une dynamique voulue et orientée de manière à être motivante et engageante.
Il est nécessaire que vous ayez confiance en votre dans capacité à agir dans le futur et dans une situation. Pour cela chaque action compte. Même les plus petites. Je répète souvent que la méthode des petits pas est celle qui vous mènera plus haut que de vouloir gravir la montagne a mains nues. On s’équipe et on avance petit à petit. C’est moins rapide au départ mais ce que l’on construit est solide.
Que vas vous apporter votre objectif, votre thérapie, votre guérison, votre changement ? Avez vous le sentiment que vous pouvez faire des choix et avez une marge de manœuvre ? Etes vous le décisionnaire ? Vous sentez vous autonome dans votre démarche ?
Pour en savoir plus sur cette notion et sur le modèle IBER je vous conseille cette Vidéo du Dr Yann HODE : https://youtu.be/_QFAErADmRA
Le modèle SVP
Le modèle SVP est plus issu du monde du coaching et du management.
C’est un modèle qu’on peut appliquer dans différentes situations.
Par exemple, lorsqu’on cherche à apprendre à un enfant une nouvelle compétence, lorsqu’on découvre nous-même une activité, lorsqu’on vise un objectif concret (smart).
C’est aussi un modèle sur lequel le thérapeute peut se baser en thérapie pour aider le patient à poser un objectif, à développer sa motivation, à s’engager dans la thérapie.
L’idée de ce modèle est de tenir compte de 3 dimensions : Savoir Vouloir Pouvoir
SAVOIR : quels sont les éléments qu’on besoin de savoir pour avancer ?
Il s’agit de toutes les informations pouvant être utiles au processus de changement, à la motivation et à l’acquisition de nouvelles compétences
Par exemple dans le cas d’une thérapie c'est connaitre :
- le diagnostic éventuel ou les hypothèses diagnostiques
- la psychopédagogie et informations sur la pathologie
- les différentes options thérapeutiques
- les libertés et droits en tant que patient
- la cause et effets éventuels de la maladie
(…)
Par exemple dans le cas d’un objectif c'est
- définir l’objectif de manière smart en amont
- connaitre le processus du changement
- savoir que les bénéfices à réaliser ses objectifs sont supérieurs aux inconvénients
- savoir quelles étapes sont à faire pour le mener à bien
- (…)
VOULOIR : quelles sont les conditions nécessaires pour que l’on veuille changer ?
Il s’agit ici de la question de l’envie et de la volonté. De comprendre quelle vas être le bénéfice derrière. Il s’agit d’une question fondamentale à l’étape de la préparation au changement avant d’engager l’action. Un travail sur les valeurs peux aussi être intéressant a ce niveau.
- faire une balance décisionnelle avantages/inconvénient du statut quo et du changement
- s’imaginer un fois le changement effectué : imaginez que vous ayez une baguette magique qui vous permette de faire un souhait au coucher ce soir . Vous vous réveillez demain et ce que vous vouliez est apparu. Qu’est ce qui a changé dans votre vie ? comment vous sentez vous ? qu’est ce qui est différent ? qu’est ce que cela vous apporte ?
POUVOIR : se sentir capable de s’engager dans le changement
Il s’agit d’un sentiment de confiance en ses propres capacités mais on peut trouver ici également un plan d’action pour développer des compétences, acquérir des connaissance pour mener à bien votre changement ; la encore tout vas dépendre de votre objectif.
Ce sentiment d’efficacité et de confiance est très important. Selon les personnes et les objectifs il pourra être utile de faire un travail en affirmation de soi, des jeux de rôle pour se préparer à quelque chose, de la résolution de problèmes.
Un travail en restructuration cognitive lorsque certaines pensées dysfonctionnelle barrent la route pourra aussi être utile.
- compétences et connaissances éventuelles à acquérir
- capacité à verbaliser les choses
- capacité d’endurance et d’engagement
Pour un enfant il s’agira aussi de vérifier par exemple si il est à son âge en capacité de faire ce qu’on lui demande de faire.
Cette question de pouvoir nécessite de s’adapter à chaque personne de manière très précise. De tenir compte de l’individu, de son environnement de ses possibilités et de ses capacités. Il faudra parfois découper en toutes petites étapes les actions, tandis que d’autres personnes auront juste besoin d’une formation. Pour certaines personnes il s’agira de travailler sur leur confiance en elles.
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