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Le Trouble anxieux Généralisé (TAG)

Dernière mise à jour : 3 janv. 2023



Le TAG : c’est quoi ?


Et si …

Ce sont souvent les deux premiers mots par lesquels commencent les phrases des anxieux mettant d’emblée en avant la probabilité de la survenue d’un danger …


Le trouble d’anxiété généralisée (TAG) est un trouble anxieux caractérisé par la présence d’anxiété et d’inquiétude excessives envahissantes et difficilement contrôlables sur des sujets très variés et génèrent une souffrance.


Il s’agit d’un trouble courant (une personne sur 20 souffrira du TAG à un moment ou à un autre de sa vie) qui est 2 fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Le TAG apparaît généralement entre le milieu et la fin de l’adolescence. Son évolution est généralement chronique et ses symptômes s’amplifient en période de stress.


Le Tag s’ajoute fréquemment à une autre pathologie (comorbidité) telle que un trouble dépressif, un autre trouble anxieux ou un trouble de la personnalité.


Critères diagnostiques DSM 5 du trouble


Le trouble doit évoluer depuis plus de 6 mois


A. Anxiété et soucis excessifs survenant durant au moins 6 mois concernant des événements ou activités (travail, relations…)


B. Difficulté à contrôler les préoccupations


C. L’anxiété et les soucis sont associés à au moins 3 symptômes suivants durant 6 mois:

- Agitation ou sentiment d’être à bout

- Fatigabilité

- Difficultés de concentration ou de mémoire

- Irritabilité

- Tension musculaire

- Troubles du sommeil


D. L’anxiété, les soucis ou les symptômes physiques entraînent une détresse ou altération cliniquement significative du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines


E. La perturbation n’est pas imputable aux effets d’une autre substance ou affection médicale


F. La perturbation n’est pas mieux expliquée par un autre trouble psychiatrique



Qu’est ce qu’une inquiétude ?


La première définition de l’inquiétude a été proposée en 1983. Borkovec, Robinson Pruzinsky et DePree (1983) qui la définissent comme un enchaînement de pensées et d'images chargées d’émotions négatives et difficiles à contrôler.


L'inquiétude est un état de préoccupation et d’appréhension concernant des événements futurs potentiellement négatifs. Il s’agit d’un enchaînement de pensées au sujet d’un événement négatif qui pourrait survenir et qui génère de l’anxiété. Elles découlent des diverses situations de la vie courante.


Tout le monde connaît un jour ou l’autre des situations d’inquiétude. Cela est normal est fait partie de la vie. Un certain degré d'inquiétude est tout à fait acceptable et peut même s’avérer utile lorsqu’il est utilisé de manière constructive comme par exemple pour résoudre un problème.


Lorsque les inquiétudes sont excessives et intempestives elles viennent entraver le fonctionnement normal. Les personnes souffrent alors d’inquiétude et de doute diffus parfois jusqu'à des inquiétude généralisée : elles vous dirons : « je m’inquiète de tout tout le temps », « j’ai un tempérament anxieux / angoissé »… Les sujets courants d'inquiétude sont très variés : l’argent, la santé, la vie sociale, l’école, les proches, le travail, les repas...


L'inquiétude est donc un problème lorsqu'elle est excessive, fréquente, difficile à contrôler et cause de la détresse.


Les personnes qui s'inquiètent excessivement peuvent ressentir de l'anxiété, de la tension, des problèmes de sommeil, des difficultés de concentration, de l'irritabilité, de l'agitation et de l'épuisement.

Ces inquiétudes excessives sont une des caractéristiques du trouble d'anxiété généralisée (TAG).


Caractéristiques d’une inquiétude excessive


Une inquiétude productive est une inquiétude qui nous permet d’avancer de résoudre un problème.


Or, la plupart des inquiétudes sont inutiles ou contre productives et bien souvent l’objet de nos inquiétudes ne se réalise même pas.


Les inquiétudes ne sont pas productives dans le tag et elles sont caractérisées par :


1- la focalisation sur la survenue d’un résultat futur hypothétique dangereux

2- une anxiété accrue

3- une intolérance face à l’incertitude : difficulté a accepter l’incertitude des évènements futurs

4- des tentatives d’éliminer ou de minimiser toute possibilité de danger de déception ou d’échec futur

5- une résolution non fructueuse de problème

6- un perfectionnisme dans la recherche de solution

7- une incapacité à contrôler les inquiétudes

8- des croyances dysfonctionnelles liées à l’inquiétude


Qu’est ce qu’il se passe quand on s’inquiète ?


Si nous entrions dans la tête d’une personne inquiète nous verrions probablement une foule de pensées angoissantes et négatives au sujet d’événements futurs qu'elle craint de voir se produire.


Souvent, un épisode d'inquiétude commence par une pensée angoissante initiale du type "Et si...", qui déclenche ensuite de nombreuses inquiétudes pour l'avenir. Il s’agit d’un cercle vicieux d'inquiétudes qui s’il a bien un début se retrouve parfois sans fin.


Les situations qui comportent un certain degré d'incertitude déclenchent et alimentent l'inquiétude et l'anxiété. Comme par exemple : Les situations imprévisibles lorsqu’on ne connaît pas précisément l’issue de la situation et les nouvelles situations


Les inquiétudes peuvent être classées en :


1. Problèmes actuels

Ce sont des soucis liés à des situations actuelles, ici et maintenant. Par conséquent, vous pouvez identifier ce que vous pouvez faire, comment vous pouvez le faire et quand le faire. Il va s’agir d’effectuer une démarche de résolution de problème. Vous disposerez d'une certaine marge de manœuvre pour résoudre ce problème dans l’immédiat ou a moyen terme.


2. Situations hypothétiques.

Il s'agit d'inquiétudes liées à des situations hypothétiques potentielles. Ces inquiétudes commencent normalement par des affirmations du type " Et si... ". Elles sont toujours négatives et provoquent beaucoup d'anxiété. Comme elles concernent des situations hypothétiques futures, il n'y a souvent rien que l'on puisse faire pour y remédier, car elles ne se sont pas produites et ne se produiront peut-être jamais.


Une personne pourrait penser que s'inquiéter de situations hypothétiques est une bonne chose car cela la prépare au danger. Cependant, personne ne peut prédire l'avenir, donc tout le temps, l'énergie et l'anxiété que l'on consacre à s'inquiéter de ces situations ne sont pas utiles.


Une fois enclenché le processus d’inquiétude s’active tout seul.

Lorsque nous commençons à nous inquiéter il y a alors une recherche de soulagement.


Un modèle de compréhension du trouble anxieux généralisé (TAG): le modèle de l’intolérance à l’incertitude


À l’heure actuelle, il existe une variété de modèles conceptuels du TAG, tous validés.

Le modèle de l’intolérance à l’incertitude (M-II) a été élaboré par une équipe de recherche québécoise (Dugas, Gagnon, Ladouceur et Freeston, 1998).

Il est couramment employé au sujet du TAG.


Nous ne sommes pas tous égaux face à l'incertitude. Notre génétiques nos modèles l’environnement dans lequel on évolue, le contexte actuel… influent sur notre degrés d’intolérance à l’incertitude. Cependant, l’incertitude et l'imprévisibilité font partie de la vie. Il n'est pas possible d'être absolument certain de ce qui se passera dans le futur. La vie ne peut pas être certaine à 100 %. Plus une personne est intolérante à l'incertitude plus elle s'inquiète excessivement de l'avenir. Les personnes qui ont une faible tolérance à l'incertitude surestiment les résultats négatifs des événements futurs et sous-estiment leur capacité à y faire face.

Les recherches ont montré que les sujets atteints du TAG ont de la difficulté à faire face à l’incertitude dans leur vie de tous les jours.



Ce modèle considère que pour comprendre et soigner un TAG il va falloir tenir compte de 4 processus importants :


1- l’intolérance à l’incertitude


Lorsqu’on ne tolère pas l’incertitude on accepte pas la probabilité qu’un évènement négatif puisse survenir. On cherche donc à éviter toute situation au dénouement incertain.

Mais comme la vie est par essence incertaine, lorsqu’on ne supporte pas l’incertitude et qu’on y est confronté, de nombreuses réactions se mettent en place


Par exemple

Eliminer l’incertitude via

- chercher à contrôler a tout prix (vérifier, rechercher des informations)

- hypervigilence

- considérer l’incertitude comme une faiblesse

- chercher à se réassurer auprès des autres


Eviter de rentrer en contact avec l’incertitude

- éviter l’incertitude (évitement de toutes les situations au dénouement incertain)

- éviter les pensées anxiogènes

- ne pas prendre de décision, douter de soi et procrastiner


Ressentir de l’anxiété est profondément désagréable.


De ce fait, nous cherchons tous naturellement à la faire diminuer. Cependant, si on accepte de la ressentir et qu’on la laisse passer, celle ci va progressivement diminuer nous permettant de revenir à notre état antérieur.

En revanche, si on cherche à tout prix à aller contre l’anxiété et que l’on accepte plus les inquiétudes normales de l’existence on ne lui permet pas de diminuer et on ne revient pas à notre état antérieur. L’inquiétude est alors majorée par ces tentatives de contrôle. Progressivement se développe une intolérance à l’incertitude.


L’intolérance à l’incertitude se définit donc comme la tendance à interpréter les situations incertaines immédiates ou hypothétiques comme menaçantes. Elle est donc associée à des réponses d’inconfort et d’évitement.


De la même manière qu’une allergie, tout évènement susceptible de déclencher de l’incertitude devient redouté et donc étiqueté comme dangereux et par essence ce qui est dangereux déclenche une réaction de peur.


2- des croyances inadaptées sur la fait de s’inquiéter


Vous êtes-vous déjà demandé à quoi cela vous servait de vous inquiéter autant?


Qu’est ce qu’il y a de positif dans le fait de s’inquiéter ?

Quelles sont les croyances sur l’inquiétude


Selon ce modèle, les 5 croyances qui maintiennent les inquiétudes sont:

(1) les inquiétudes peuvent moduler le sort des événements

(2) les inquiétudes augmentent la motivation,

(3) S’inquiéter est un trait positif de personnalité

(4) les inquiétudes protègent contre les émotions désagréables

(5) les inquiétudes aident à résoudre les problèmes (


Les croyances que vous entretenez sur le fait de s’inquiéter viennent renforcer ce mécanisme. En effet, si on considère qu’il est utile de s’inquiéter pour se prémunir d’un danger, se motiver, résoudre des problèmes, se préparer au pire et que s’inquiéter fait partie de notre nature, alors on ne va pas chercher spécialement à travailler ces inquiétudes. En effet, si cela nous est utile pourquoi changer ?


3- Une conception et une gestion des problèmes inadéquate


La manière dont vous percevez et gérer les problèmes de votre vie, les croyances que vous pouvez entretenir sur les problèmes et sur votre capacité à y faire face contribuent à renforcer cette intolérance à l’incertitude. En effet si vous pensez qu’il est anormal d’avoir des problèmes et que en cas de problème vous ne saurez pas comment réagir alors il est logique que vous cherchiez à vous en protéger le plus possible. En présence d’un problème, vous réagissez alors négativement : frustration, sentiment d’être dépassé, panique, sentiment d’être menacé.


L’orientation négative face aux problèmes se définit comme le fait de percevoir un problème comme une menace à son bien-être, d’être pessimiste lorsqu’un problème se présente et de douter de ses capacités à résoudre ce problème avec succès.


Il s’en suit que face à un problème auquel vous allez inévitablement être confronté car ainsi va la vie, vous aller chercher uniquement des solutions parfaites C’est a dire des solutions qui sont selon vous les plus rassurantes et viennent diminuer le plus vos incertitudes. Cependant, il n’existe pas de solutions parfaites. Chaque chose que nous faisons chaque chose que nous vivons, chaque décision que nous prenons comporte sa part de probabilité et d’incertitude.


Ainsi, en agissant de la sorte, il est difficile de régler les problèmes de manière objective et efficace. Ces difficultés maintiennent les inquiétudes et l’anxiété.


4- l’évitement des inquiétudes


La volonté d’éviter ou de supprimer à tout prix les inquiétudes est un facteur d’augmentation des inquiétudes.

Quand vous souffrez d’anxiété généralisée, celle ci est devenue un danger que vous cherchez à éviter.


Pour ce faire, vous aller essayer de vous rassurer, de vous distraire, de penser à autre chose, de vous changer les idées, d’éviter les pensées anxiogènes ou les stimuli qui pourraient les générer etc … en bref vous allez à chaque fois que les pensées anxieuses désagréables apparaissent dans votre champs de conscience chercher à les rejeter d’une manière ou d’une autre.


Mais il n’est pas possible de les rejeter. Cela n’est pas efficace. Plus vous cherchez à repousser ces pensées plus vous les faites revenir.

D’autre part, en cherchant à éviter vous ne pouvez pas apprendre que l’inquiétude en soi n’est pas dangereuse. Donc vous continuez à entretenir l’idée selon laquelle c’est un danger qu’il faut éliminer. Vous ne pouvez pas observer que votre anxiété comme toute émotions finit par diminuer naturellement.


L’anticipation anxieuse de l’avenir, l’évitement, les prévisions et la recherche de réconfort de réassurance deviennent alors des stratégies pour face au danger potentiel. Ces pensées et comportements peuvent être épuisant pour le sujet et son entourage. Malheureusement si il existe un soulagement à court terme, à plus long terme ces stratégies contribuent à l'anxiété et empêchent de faire face de manière constructive et de résoudre les problèmes.


Parfois même le fait de s’inquiéter vous permet d’éviter une peur plus grande tapie dans l’ombre et à laquelle vous ne voulez surtout pas faire face ; alors vous vous inquiétez en surface sans aller voir ce qu’il y a dessous. Ce faisant vous donnez une raison d’être à votre peur.


Ces 4 facteurs combinés contribuent à la création d’un cercle vicieux de l’anxiété généralisée. Cercle vicieux qu’il va falloir arrêter en abordant chaque aspect.


Facteurs impliqués dans le TAG


  • Des facteurs biologiques : vulnérabilité génétique et prédisposition organique

  • Des facteurs environnementaux et familiaux

  • Des facteurs psychologiques et notamment l’intolérance à l’incertitude.

  • Des Facteur de maintien En évitant les situations génératrices d’anxiété on n’apprend pas que les situations ne sont pas dangereuses. En cherchant à éviter les pensées d’inquiétudes on les rend plus forte et plus présentes. En évitant l’incertitude via la réassurance ou les inquiétudes, on entretient le problème.


Quels sont les traitements recommandés pour le TAG ?

Les traitements du TAG sont de deux types : pharmacologiques et psychologiques.


Les traitements pharmacologiques du TAG comprennent les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS)


En ce qui concerne les traitements psychologiques pour le TAG, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) apparaît comme le meilleur choix.


L’objectif de l’approche cognitive est de corriger les aspects de la pensée anxieuse tels que


- Tendance à supposer que le pire résultat est susceptible de se produire

- Que si cela se produisait vous ne seriez pas en mesure d’y faire face

- La menace et le danger sont plus probables que la sécurité


On cherchera également à prendre conscience et réévaluer l’utilité de s’inquiéter.

La démarche de résolution de problèmes sera utile pour avancer sur les problèmes actuels

Des techniques d’exposition pour travailler les situations hypothétiques…



Dans la vie rien n’est sûr à 100%.


Rien.


Il est impossible d’éradiquer l’incertitude.


La seule chose à faire est de se désensibiliser comme on le ferais pour une allergie et de réapprendre à vivre en tolérant accueillant et acceptant une part d’incertitude.

En décidant d’affronter des situations vous apprenez progressivement que vous êtes capable de faire face aux imprévus.



Des ressources à lire:


  • Faire face au TAG, Franck Peyre, Retz Eds.

  • André C, (2004). Psychologie de la peur, Odile Jacob, Paris.

  • André C & Muzo, (2002). Petites angoisses et grosses phobies, Seuil, Paris.

  • Ladouceur R, Bélanger L & Léger E. (2003). Arrêtez de vous faire du souci pour tout et pour rien. Odile Jacob,Paris.

  • Servant D, (2003). Stress et anxiété, comment les surmonter, Odile Jacob, Paris.






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