C’est quoi la peur ?
La peur est une émotion fondamentale nécessaire à notre survie ! Il est normal de ressentir de la peur et cela est même vital. Ne pas connaître la peur serait très dangereux.
Il s’agit donc d’une réponse nécessaire et adaptée de notre organisme face à un danger. La peur est automatique, elle est nécessaire aux apprentissages.
Fuir, se battre ou se figer : la réaction d’alarme
On peut observer 3 réactions différentes lors de la peur. Ce sont des réactions que vous ne choisissez pas. Votre système nerveux utilise une voie une aune autre lorsqu’il, est confronté a un danger afin d’assurer votre survie. Ce mécanisme se retrouve chez les animaux.
1. le figement, la stupeur : lorsque les personnes sont stupéfaites comme pétrifiées sur place. Ceci arrive souvent dans les cas d’agressions.
2. Le combat, pour affronter le danger de face
3. La fuite : reculer, s’enfuir …
Ces réactions d’alarmes sont ancestrales. Elles se sont développées pour notre survie lorsque notre vie était menacée. Même si aujourd’hui il est moins fréquent de se trouver face à un danger de vie ou de mort, notre réaction d’alarme est restée la même et s’active ainsi dans notre quotidien face à un rendez vous imprévu, devant une personne qui vous passe devant à la boulangerie ou encore dans les embouteillages …
Cette réaction est donc inoffensive et permet à notre corps de se mettre en mouvement pour se préparer au danger. Le corps via de nombreux mécanismes est alors en état d’alerte
En effet, si votre vie est menacée et qu'une issue semble possible, vous aurez une réaction vous préparant à vous défendre ou à fuir vous battre ou vous figer
Activation du système nerveux sympathique
C’est donc la partie du système qui nous sauve la vie face à un danger. Ilpousse les mécanismes de défense del’organisme à leur maximum pour fuirou se battre.
Il est utilisé dans toutes les réactionsémotionnelles de peur, d’angoisse,d’euphorie, de colère, de plaisir ; ilfavorise l’apport sanguin aux muscleslisses et moteurs et prépare l’organismeà une réaction d’alarme.
Il mobilise les ressources de l’organismepour préparer à l’action via :
La sécrétion d’hormones : L' adrénaline pour accélérer la circulation sanguine, la respiration et le métabolisme desglucides et prépare les muscles à l’effort. La noradrénaline pour accroitre la fréquence cardiaqueet la force de contraction des muscles ;
la dilatation de la pupille permettant de mieux faire pénétrer la lumière dans les yeuxafin d’améliorer la vigilance ;
l’accélération du rythme cardiaque pour libérer plus d’énergie ;
l’augmentation de la pression artérielle
l’augmentation de la glycémie pour fournir de l’énergie rapidement à l’organisme. On entrevoit ici comment un stress àla longue peut venir épuiser les réserves du corps et être un terrain propice d’émergence aux troubles métaboliques ;
la dilatation des bronches pour augmenter la respiration. Plus d’oxygène est fourni. Ceci peut aussi être un facteur d’hyperventilation chez des personnes en état de panique ;
l’augmentation de l’afflux sanguin dans les muscles. Les cellules peuvent libérer plus d’énergie pour effectuer une action urgente ;
l’augmentation de la chaleur et donc augmentation de la transpiration ;
la stimulation des glandes surrénales ;
l’inhibition de la digestion et des contractions péristaltiques: la digestion n’est pas la priorité lorsqu’on est menacé ! Il y a doncdiminution de la salive et des sécrétions enzymatiques ainsi que diminution de l’afflux sanguin vers les organes digestifs. Ceci explique pourquoi tant de personnes constamment stressées développent des problèmes digestifs.
Comme vous pouvez le constater , votresystème nerveux est très bien concupour faire face au danger.
L’hyperventilation
Lors d’une émotion de peur et à fortiori de panique lorsque le système nerveux sympathique s’emballe il y a souvent une réaction d’hyperventilation.
Cette consommation accrue d'oxygène et cette expulsion accrue du CO2 seraient adaptées à une situation où le sujet doit faire une activité physique violente.
Dans le cas d'attaques de panique, cela n'est généralement pas le cas et des manifestations d'hyperventilation peuvent s'ensuivre accentuant la symptomatologie et provoquant davantage d'inquiétude chez le sujet.
Difficultés respiratoires, sensation de manquer d'air.
Sensation de tête vide ou cotonneuse, étourdissements.
Mal à la tête.
Sensation vertigineuse, vision brouillée.
Impression d'irréalité, sentiment de dépersonnalisation.
Moiteur des mains, bouffées de chaleur.
Picotements aux extrémités, engourdissements.
Raideur musculaire, crampes.
Douleurs thoraciques.
Accélération de la fréquence cardiaque
Une attaque de panique
La caractéristique essentielle d’une attaque de panique est la montée brusque de crainte de malaise et d’anxiété intense accompagnée d’un sentiment intense de danger ou de perte de contrôle et de symptômes physiques et psychiques spécifiques.
Cette montée brusque peut survenir durant un état de calme ou d’anxiété.
Ces attaques de panique peuvent survenir spontanément dans de nombreuses pathologies.
Elles peuvent être associées ou non à des phobies.
Elles peuvent être isolées (ne survenir que une fois). Il ne s’agit donc pas d’un trouble à proprement parler puisque les attaques de paniques peuvent être liées à des troubles très différents ou à aucun trouble du tout.
De façon spécifique, l'attaque de panique présente les 3 éléments suivants:
1) un niveau d'anxiété élevé combinée à de fortes réactions physiques (cf ci dessous)
2) une diminution passagère des capacités de penser et de raisonner,
3) un désir intense d'échapper à la situation.
Les réactions physiques possible durant une attaque de panique :
• palpitations, battements de coeur ou accélération du rythme cardiaque
• transpiration
• tremblements ou secousses musculaires
• sensations de « souffle coupé » ou
• impression d’étouffement
• sensations d’étranglement
• douleur ou gêne thoracique
• nausée ou gêne abdominale
• sensations de vertige, d’instabilité, de tête vide ou impression d’évanouissement,
• déréalisation (sentiment d’irréalité) ou
• dépersonnalisation (être détaché de soi)
• paresthésies (sensations d’engourdissement ou de picotements)
• frissons ou bouffées de chaleur
Ces symptômes ne sont pas nécessairement tous présents à chaque attaque de panique, mais on retrouve toujours au moins une partie d’entre eux.
Les peurs qui peuvent être associées aux attaques de panique:
• La peur de perdre l'équilibre.
• Impression d’avoir les jambes « en coton
• La peur de devenir fou.
• La peur d’étouffer, de manquer d’air.
• La peur de mourir.
• La peur de s’évanouir.
• La peur de perdre le contrôle.
La personne qui vit une attaque de panique a l’impression de perdre le contrôle et ne comprend pas ce qu'elle vit et le considère comme catastrophique et grave. De là provient la peur intense, appelée "attaque de panique", générant le besoin de quitter au plus vite la situation où elle se trouve.
Le trouble panique
Le trouble panique se définit comme la présence d’attaques de panique récurrentes associées à la crainte persistante de revivre une attaque de panique, à des préoccupations quant aux conséquences possibles de ces attaques et à un changement significatif de comportement.
Se développe alors progressivement la peur d'avoir peur.La personne craint de faire des attaques de panique. Ces attaques fréquentes sont de plus en plus redoutées et appréhendées d’autant qu’elles surviennent spontanément.
Certaines peuvent même survenir la nuit.
Il toucherai 1,2 à 3% de personnes (HAS 2007).
Une définition selon le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM 5)
Il s’agit donc de la répétition d’attaque de panique récurrentes (il y en a donc plusieurs) et inattendues (sans signal déclencheur, de façon soudaine) débutant vers 20 ans
Au moins une des attaques a été suivie d'un mois (ou plus) de l'un ou l'autre de ce qui suit :
1) Préoccupation persistante ou inquiétude concernant de nouvelles attaques de panique et leurs conséquences (par exemple, peur de perdre le contrôle, d'avoir une crise cardiaque, de « devenir fou »).
2) Changement significatif inadapté de comportement lié aux attaques (par exemple, des comportements visant à éviter d'avoir des attaques, comme l'évitement de l'exercice ou des situations peu familières).
La perturbation n'est pas mieux expliquée par un autre trouble mental (par exemple, les attaques de panique ne se produisent pas seulement en réponse à des situations sociales redoutées, comme dans le trouble d'anxiété sociale ; en réponse à des objets ou des situations phobiques précis, comme dans la phobie spécifique ; en réponse à des obsessions, comme dans le trouble obsessionnel-compulsif : en réponse à des rappels d'événements traumatiques, comme dans le syndrome de stress post-traumatique ; ou en réponse à la séparation d'avec les figures d'attachement, comme dans le trouble d'anxiété de séparation).
Ces attaques de paniques ne sont pas non plus expliquées non plus par une affection médicale comme dans l’hyperthyroïdie ou la prise de substances.
Agoraphobie
L’agoraphobie se définit par une peur ou une anxiété intense déclenchée par des situations réelles ou anticipées et par l’évitement ou l’échappement de ces situations.
Il s’agit de la crainte de se retrouver dans des endroits ou des situations d’où il pourrait être difficile ou gênant de s’échapper où dans lesquelles on pourrait ne pas trouver de secours en cas de symptôme anxieux (AP en particulier)
Les situations sont très variées et provoquent chez la personne agoraphobe l’impression qu’il serait difficile de s’échapper d’un lieu ou d’une situation où il ne pourrait pas trouver de secours urgent en cas d’attaque de panique.
⇨ Généralement, l’agoraphobie se déclenche à la suite d’une AP. La personne qui fait cette expérience douloureuse a tendance à associer la survenue de l’AP à la situation dans laquelle elle s’est déclenchée.
⇨ Elle va alors commencer à éviter les situations redoutées comme pouvant être génératrices d’une AP.
⇨ Malgré cette stratégie d’évitement, les AP se généralisent à d’autres lieux ou situations, augmentant ainsi la peur d’avoir peur et amenant la personne à appliquer une autre stratégie : celle de la recherche de secours (se faire accompagner, ne pas s’éloigner trop du domicile…).
⇨ L’angoisse de la personne qui souffre d’AP est centrée sur un accès possible à ces secours.
⇨ Toutes les situations entrainent une angoisses ou sont évitées totalement ou partiellement évitements qui peuvent être par ailleurs très subtils (accompagnateur) comme par exemple :
- utiliser les transports en commun
- être dans des endroits ouverts
- être dans des endroits couvert et clos
- être dans une file d’attente ou dans une foule
- être seul à l’extérieur du domicile
- ...
Les situations étant très variées l’handicap sur la vie de tous les jours peut être très impactant.
La situation la plus fréquemment retrouvée est celle dans laquelle agoraphobie et trouble panique sont liés. Les personnes présentent alors des attaques de paniques qu’elles craignent et évitent également certaines situations spécifiques par crainte de vivre des attaques de paniques. L’alarme qui se déclenche dans un contexte inapproprié est redouté poussant les personnes a quitter au plus vite la situation (échappement) et à éviter les situations (évitement) ce qui entretient peu à peu le trouble.
Agir sur le trouble panique et l'agoraphobie
Selon la haute autorité de Santé 3 types d’interventions sont recommandés
1. les psychothérapies TCC
2. les traitements médicamenteux (antidépresseurs) ;
3. la gestion par soi-même en cas de très faible impact
La thérapie comportementale et cognitive
Les thérapies cognitivo-comportementales sont les psychothérapies de choix qui doivent être proposées en première intention
Objectifs
• Éviter la survenue des crises.
• Supprimer l’anxiété anticipatoire.
• Mettre fin aux facteurs de matintien tels que conduites d’évitement et d’échappement qui entretiennent le problème.
=> La meilleure façon de surmonter une peur est de … l’affronter. : exposition
les outils utilisés dépendent de l'analyse fonctionnelle . Dans le cas du trouble panique est de l'agoraphobie on retrouve souvent une exposition intéroceptive et/ou in vivo.
Parfois un apprentissage de la respiration sera recommandé .
Un travail sur les pensées catastrophisante sera parfois également effectué .
Tous les processus qui ont conduit à l'émergence de la problématique sont analysés et pris en compte .
Médicaments
En cas de traitement pharmacologique, votre médecin vous prescrira peut être un ISRS.
Dans l’attaque de panique les benzodiazépines sont parfois prescrit mais attention ils exposent a un risque de dépendance. Le syndrome de sevrage devra être bien pris en compte lors de l’arrêt avec votre médecin.
Quelques ressources
• J.L EMERY surmontez vos peurs, Odile Jacob
• A. MARCHAND La peur d’avoir peur, le livre de poche
• C. ANDRE, psychologie de la peur, Odile Jacob
• F. PEYRE, Faire face aux paniques, Retz
PS: tous les outils proposés sur ce site sont des outils utilisés en thérapie. chaque professionnel possède les siens et qui peuvent donc différer de ceux que je vous propose. D'autre part, je vous invite vivement à les utiliser dans le cadre d'un accompagnement!
Les informations de cette page ne sont pas une invitation à l'autodiagnostic. Si vous vous reconnaissez dans cette page prenez rendez vous avec votre médecin.
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