6 émotions primaires
Les émotions génétiquement transmises chez l’humain seraient au nombre de 6, auxquelles s’ajoutent d’autres émotions plus sociales.
Il n’existe pas d’émotions positives et d’autres négatives ! L’expérience de certaines peut être plus ou moins agréable, mais je vous invite vivement à sortir de cette dichotomie pour regarder de plus près la palette émotionnelle à notre disposition.
Joie
Lorsque mes attentes correspondent à la réalité, je me retrouve activé en joie. La joie active très fort et offre des avantages sociaux, la joie rassemble, attire, unit : elle permet la reproduction, le rassemblement en groupe, le rapprochement.
La joie permet d’entreprendre. La joie donne envie de rire et de partager.
Tristesse
La tristesse signale un processus psychique de perte, de déception, de manque. Elle peut connaitre des degrés variés, de l’abattement au découragement, jusqu’au désespoir. Elle s’exprime physiquement (pleurs…), moralement (focalisation sur le problème…) et par nos comportements (repli sur soi, mise en retrait …). Elle est utile, car elle nous permet de donner de la valeur à ce qui n’est plus, de réaliser l’importance des objets perdus et ainsi de pouvoir agir en connaissance de cause vers des buts identifiés.
Quand la tristesse s’insinue en nous, elle produit un ressenti désagréable et pénible, qui peut nous conduire à chercher à nous en protéger.
Pourtant, elle délivre également un message utile à notre équilibre.
Ralentir pour économiser de l’énergie, en attendant des conditions plus favorables
Récupérer après une perte ou un échec : travail de recueillement
Souligner les situations douloureuses en vue d’apprentissages
Obtenir le soutien, la consolation d’autrui
Désamorcer l’agressivité des autres
Ainsi comprise, la tristesse est un message très utile, qui favorise la réorganisation psychique autour de la perte, selon un processus de deuil minuscule ou majuscule.
Colère
La colère permet de combattre et de se défendre, de lutter.
Elle survient suite à une agression (réelle ou supposée) ou un sentiment de frustration.
La colère est efficace si il faut nous protéger, ou défendre une vie, mais ces défenses deviennent anachroniques quand ces menaces ne sont plus réelles. On peut se demander lorsqu’on ressent cette émotion : ma vie est-elle en danger ? Est-ce que je me sens menacé ? Par quoi, qui, pourquoi ?
Elle exprime un besoin de justice, de reconnaissance et de respect.
Il arrive que la colère soit l’expression d’une souffrance, ou soit utilisée à la place d’une autre émotion, comme la peur ou la tristesse.
Nos colères peuvent venir de nos attentes trop exigeantes. Elles sont parfois irrationnelles, car nous voulons que notre environnement, les choses, mais aussi les êtres qui nous entourent, fonctionnent absolument comme nous.
Cette logique conduit irrémédiablement à la colère de constater que rien n’y fait : le monde n’est pas sous notre contrôle.
La colère s’autoalimente et se renforce. Je parle souvent « d’escalier de la colère ».
Si on est déjà sur la première marche, mieux vaut prendre un temps pour respirer plutôt que de continuer à grimper.
Peur
La peur permet d’éviter le danger par l’action salvatrice (fuite, attaque, immobilisation). Elle signale un danger réel ou imaginaire. Elle permet d'augmenter sa vigilance dans cette situation visant à fuir et à nous protéger.
Surprise
La surprise survient spontanément, face à l’inconnu, l’imprévu.
C’est une émotion, qui permet aussi de faire naitre le rire. Dans les textes humoristiques, c’est la surprise qui crée l’effet de la blague.
La surprise amène à la paralysie et à la vigilance. La surprise mobilise l’attention sur un brusque changement du milieu.
Dégoût
Le dégoût éloigne de stimuli potentiellement dangereux : il met à distance quelque chose qui est repoussant pour nous.
Il permet aussi de lâcher prise et de tourner la page.
3 émotions sociales
Honte
La honte, c’est la transgression d’une norme sociale, d’un usage.
Il s’agit d’une émotion grégaire groupale, qui nous permet de rester dans le rang.
Nos comportements sont-ils conformes au groupe ?
Il peut arriver qu’on ressente cette émotion quand on perd notre statut de sujet, de personne digne de respect. C’est ici une erreur d’interprétation. En effet, on se sent honteux et humilié, alors que c’est celui qui humilie qui transgresse et devrait avoir honte.
Culpabilité
La culpabilité est une émotion qu’on ressent lorsqu’on transgresse une valeur, une exigence interne. C’est l’émotion du changement.
Il peut être utile de se poser la question : quel est le contrat interne que j’ai signé et que je crois transgresser ?
La jalousie
Elle nous parle de nos besoins et de nos envies. De notre besoin de sécurité notamment. Cela nous parle de ce qu’on estime mériter, cela dit qu’on a envie de tendresse ; c’est une indication précieuse.
Plein de déclinaisons et de combinaisons
Ces émotions primaires, lorsqu’on les mélange, vont donner l’infini du réel, un peu comme lorsqu’on mélange les couleurs primaires pour en faire des couleurs secondaires.
La lassitude serait un mélange de tristesse, d’impuissance et de dégoût.
Le mépris, un mélange de colère et de dégoût.
Si je vous demande « comment vous sentez vous ? », que me répondez vous ?
Il est important d’avoir une palette de couleurs la plus large possible, afin de profiter au mieux de nos émotions.
Avoir des mots pour exprimer ce qui se passe en nous est fondamental : cela permet de reprendre la responsabilité de notre état émotionnel.
Cela permet de mieux appréhender les émotions, mais également de pouvoir les nuancer et de s’en distancier.
En effet, identifier et nommer précisément une émotion, c’est y poser un regard déjà distant, ainsi qu’une évaluation de son intensité.
Dire « je ressens une fureur noire » n’est pas la même chose que se sentir agacé, énervé ou en colère.
C’est coller au plus près de son ressenti physiologique, observer que, selon l’intensité émotionnelle, le ressenti ne sera pas le même.
C’est classer, ordonner, trier et structurer les choses, afin de muscler notre capacité d’accueil des émotions.
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